Il ne vous aura pas échappé dans le bilan de l'Année Un de la plateforme de développement de Facebook que les applications de quelques acteurs trustent le top 10 des applications les plus populaires (la "popularité" étant mesuré exclusivement quantitativement ici). Comment va la vie économiquement pour ces développeurs d'applications massivement utilisées? C'est une question que vous vous posez peut-être et à laquelle je vais tâcher de vous répondre.
Tout d'abord, parlons de RockYou qui a une actualité intéressante. En effet, ils viennent de lever 35 millions de dollars d'investissement. Pour quoi faire?
Tout d'abord, revenons sur l'entreprise RockYou qui n'est pas née avec l'API Facebook: leur compétence pour la réalisation de widgets "sociaux" mais surtout "photo" est plus ancienne et s'était déjà manifestée sur Myspace entre autre. C'est magré tout avec leur exploitation opportune et judicieuse du lancement de l'API Facebook qu'ils ont vraiment décollé, atteignant aujourd'hui 85 millions d'utilisateurs et plus de 2 milliards de pages vues par mois. Une estimation au doigt mouillé en fonction de ce que j'ai pu lire sur différents blogs me fait dire qu'au moins 70% de cette activité se fait sur Facebook, le reste étant réparti entre les autres grands réseaux sociaux généralistes, et étant appelé à prendre plus d'importance (l'ouverture de ces derniers réseaux aux développeurs tiers est plus récente).
Problème: on sait que la publicité sur les pages "sociales" n'est pas très efficace (en terme de génération de clic, les gens ne cliquent pas dessus quoi). Pourquoi? Tout simplement, à mon avis, parce-qu'ils ne sont pas en recherche de service, ils sont en train d'interagir avec leurs amis et ils ont donc peu de motivation à interrompre cette interaction en cliquant sur un lien publicitaire. On me dit souvent "mais il n'y a pas de pub sur Facebook!". Si. Tout le temps. Mais on la voit moins. Et ce n'est à mon avis pas un problème de mise en page, mais un problème d'état d'esprit.
Malgré cela, quand on fait des milliards de pages vues par mois, même en vendant le CPM (coût pour mille affichages de publicités) très peu cher, on peut gagner beaucoup d'argent. Et pourquoi cette levée de fonds? Pour développer l'aspect plate-forme de publicité de leur business et mieux exploiter leurs milliards de pages vues. Un CPM très bas, c'est mal, mais c'est aussi un énorme potentiel de croissance.
Slide et Serious Business, responsables respectivement de Funwall et de Friends For Sale, ont aussi levé des fonds important pour une stratégie équivalente: générer des milliards de pages vues même si on connaît leur faible efficacité pour une marque qui désire communiquer ou un service web qui souhaite attirer de nouveaux utilisateurs. Même "pas grand chose", tant que c'est positif, multiplié par des milliards, ça devient "beaucoup".
Ces entreprises annoncent d'autre part qu'elles vont arrêter de lancer de nouvelles applications et se concentrer sur l'amélioration de celles utilisées par leur porte-feuille massif d'utilisateurs.
On peut lire entre les lignes qu'elles prévoient de fidéliser et de monétiser au mieux leur audience actuelle, laissant à d'autres l'effort de créer des applications innovantes et génératrices d'audience, pour les racheter grâce à cette même capacité à monétiser au mieux une audience a priori de faible qualité commerciale.
Cette stratégie de monétisation après-coup d'une audience de faible qualité est-elle la seule pour un développeur d'application?
Je ne le pense pas. En effet, les marques sont conscientes qu'une publicité qui ne touche que marginalement ceux qui la voient, même si cela fait du monde sur plusieurs milliards de pages vues, n'est pas un mode de communication efficace et qualitatif.
Or, la plupart des entreprises ont conscience aussi de l'importance et du potentiel des réseaux sociaux pour une communication moderne.
Il faut donc leur proposer un mode de communication alternatif à l'habituel bandeau publicitaire. Il faut leur permettre de ne plus interrompre l'interaction (raison à mon avis du faible résultat des bandeaux sur les réseaux sociaux), mais de la prolonger et de l'enrichir en devenant elles-mêmes des vecteurs de communication, grâce à des d'applications pensées pour favoriser l'interaction, qu'elles sponsoriseraient intégralement ou en partie, de manière cohérente avec leur produit.
Pourriez-vous devenir utilisateurs d'une application dédiée à une marque, si cette marque fait partie de votre univers et que l'application vous permet d'interagir avec vos amis autour de cet univers de marque?
exemple féminin: s'échanger ses coups de coeurs et ses écoeurements sur les dernières collections d'H&M.
Profitez du soleil.
mercredi 11 juin 2008
Monétisation des applications sociales: les applications de masse moissonnent petit mais beaucoup
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1 commentaire:
Très bonne lecture, merci. Cette article est très pertinent et pose et tente de répondre aux bonnes questions. Effectivement je commence à m'intéresser à l'API de Facebook et me demandait s'il pouvait être intéressant de la monétiser, et comment ? Bonne continuation, à +++
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